Século XVII
Viagem imaginária e utopia científica

 


Mais uma vez, o século abre sob os ecos do Novo Mundo, agora sob a forma do Império dos Incas. A voz de fundo é a de Garcilaso de La Vega

Garcilaso de La Vega 

Commentarios reales, que tratan del origen de los Yncas, reyes que fueron del Peru, de su idolatria. Leyes, y govierno en paz y en guerra. De sus vidas y conquistas, y de todo lo que fue aquel imperio y su republica
(1608) 

 

A utopia tem agora, preferencialmente, a forma da viagem imaginária. As cidades que desenha ficam a pairar fora do tempo. Mas não fora do espaço. São viagens a lugares desconhecidos, ao encontro de seres estranhos e bizarros. Mas são viagens terrenas.


Thomas Floyd

The Picture of a perfit Common Wealth, describing as well the offices of princes and inferiour magistrates over their subjects, as also the duties of subjects towards their governours
(1600)

  Johann Valentin Andreae

Reipublicæ Chistianopolitanæ Descriptio
(1619)


Jean Lemaire

Histoire du grand et admirable royaume d’ Argentil incignue jusques a present à tous historiens et cosmographes, composé de six vingts provinces tres belles et tres fertiles
(1616)

Philipe Sidney

L'Arcadie de la Comtesse de PembroK 
(1625) 

Gabriel Platte 

A Description of the Famous Kingdom of Macaria

(1641)

J. de La Pierre

Le Grand Empire de l'un et l'autre monde, divisé en trois royaumes: le royaume des aveugles, des borgnes et des clair-voyants
(1630) 

Vincent Le Blanc 

Les Voyages fameux du Seigneur Vincent Leblanc, marseillais qu'il a faits depuis l'âge de douze ans jusques à soixante, aux quatre parties du monde, à sçavoir: aux Indes orientales et occidentales, en Perse et Pégu, aux royaumes de Fez, de Maroc et de Guinée et dans toute l'Afrique intérieure, depuis le cap de Bonne espérance jusques en Alexandrie par les terres de Monomotapa, du prestre Jean et de l'Egypte, aux isles de la Méditerranée et aux principales provinces de L'Europe 
(1648)

De Busens

Histoire du royaume des amans, avec les loix et les coustumes que les peuples y observent et leur origine du païs des Amadis

(1666)

  Samuel Gott

New Solyma
(1648)


James Harrington


The Common-Wealth of Oceana

(1656) 


Viagens que podem ser desejadas e escritas por mulheres 


Anne de Montpensier

La Relation de l'isle Imaginaire et l'Histoire de la Princesse de Paphlagonie
(1659)

 

Margaret Cavendish

The Description of a New World, called The Blazing World
(1666) 

 

Viagens, muitas delas, à Terra Austral, local onde se condensam grande parte das expectativas e dos sonhos de uma Europa que cada vez mais inquieta com os seus limites.

Gabriel de Foigny 

La Terre Australe connue, c'est à dire la description de ce pays inconnu jusques ici, de ses moeurs et de ses coutumes
(1676) 

« Ma réception étant faite, ceux qui m’avaient amené et soulagé me portèrent dans leur maison du Heb, qu’on pourrait rendre en notre langue, Maison d’éducation; on avait pourvu à ma place et à ma nourriture avec un soin, une diligence et une honnêteté qui surpassent la civilité des Européens les plus polis: à peine fus-je arrivé que deux cents jeunes Australiens me vinrent saluer d’une manière très honnête. L’envie que j’avais de leur parler fit que je me ressouvins de quelques mots que j’avais entendus à Congo, et entre autres de celui de Rimlem, que je leur dis, et qui signifie, je suis votre serviteur, à ce mot me croyant de leur pays, ils s’écrièrent avec de grands signes de joie, le clé, le clé, le clé, c’est-à-dire, notre frère, notre frère; en même temps ils me présentèrent deux fruits d’une couleur rouge, entremêlée d’azur, j’en mangeai un qui me réjouit, et me fortifi; on me donna ensuite une espèce de bourse jaunâtre, qui tenait environ un bon verre, que je bus avec un plaisir que je n’avais jamais senti; j’étais en ce pays, et entre ces nouveaux visages comme un homme tombé des nues, et j’avais peine à croire que je visse véritablement ce que je voyais; je m’imaginais quelquefois en moi-même que j’étais peut-être ou mort, ou du moins aliéné d’esprit, et quand je me convainquais par plusieurs raisons que je vivais assurément, et que j’avais le sens bon, je ne pouvais me persuader que je fusse en la même Terre, ni avec des hommes de même nature que ceux de l’Europe: je fus entièrement guéri en quinze jours, et j’appris suffisamment la langue en cinq mois pour entendre les autres, et m’expliquer: Voici donc les limites de la terre australe, autant que je les ai pu comprendre par plusieurs relations, et que je les puis décrire selon les Méridiens de Ptolémée ».

Denis Vairasse 

Histoire des Sévarambes, peuples qui habitent une partie du troisième continent communément appelé la Terre Australe. Contenant un compte exact du gouvernement des moeurs, de la religion et du langage de cette nation jusques aujourdh'hui inconnue aux peuples de l'Europe 
(1678)

« Quant à la ville de Sevarinde, qui porte son nom, on peut dire que c’est la plus belle ville du monde, soit qu’on regarde le lieu de la situation, et le terroir fertile qui l’environne, soit que l’on considère la beauté du climat et l’air salubre où elle est bâtie, ou enfin l’ordre de ses bâtiments et la bonne police qu’on y observe. Elle est située dans une île qui a près de trente milles de circuit et qui est au milieu d’un très grand fleuve où se déchargent plusieurs autres rivières. Cette île est ceinte d’une épaisse muraille, qui la fortifie tout à l’entour, de sorte qu’il est presque impossible d’y faire descente sans la permission des habitants, quand on aurait la plus grande armée du monde. Le terroir en est entièrement fertile et produit une prodigieuse quantité de fruits excellents, et toutes les terres des autres côtés du fleuve sont aussi d’une merveilleuse fertilité à plus de vingt lieues à la ronde. L’air y est extrêmement sain et le climat fort beau, étant environ le 42e degré de latitude méridionale. Elle est bâtie au milieu de l’île, sa figure est carrée et elle contient déjà, outre son palais qui est au centre de la ville, deux-cent-soixante-sept osmasies ou bâtiments carrés, tous pleins d’habitants. Chacune de ces osmasies a cinquante pas géométriques de front et contient plus de mille personnes logées à leur aise, ayant chacune quatre grandes portes opposées l’une à l’autre, et au milieu une grande cour avec de la verdure. Ses murailles sont d’une espèce de marbre ou pierre blanche qui se polit fort bien, et les maisons ont toutes quatre étages de hauteur ».

 

Gabriel de Foigny

Les Aventures de Jacques Sadeur dans la découverte et le voyage de la Terre Autrale contenant les Coutumes et les Moeurs des Australiens, leur Religion, leurs Exercices, leurs Etudes, leurs Guerres
(1692)

« Tous les Australiens ont les deux sexes, et s’il arrive qu’un enfant naisse avec un seul, ils l’étouffent comme un monstre, ils sont fort légers et fort actifs, leur chair est d’une couleur qui tire plus sur le rouge que sur le vermeil, leur hauteur est communément de huit pieds, ils ont le visage médiocrement long, le front large, les yeux à fleur de tête, la bouche très petite, les lèvres plus rouges que le corail, le nez plus rond, la barbe et les cheveux toujours noirs, et qu’ils ne coupent jamais, parce qu’ils croissent très peu ; leur menton est tendu et recourbé, leur cou délié, et leurs épaules grosses et élevées ; ils ont des mamelles fort petites, et fort bas placées, plus rouges que vermeilles, leurs bras sont nerveux, leurs mains larges et longues ; ils ont la poitrine fort élevée, le ventre plat, et qui ne paraît que très peu en leur grossesse, les hanches hautes, les cuisses larges, et les jambes longues. Ils sont si accoutumés à aller tout nus, qu’ils croient qu’on ne peut parler de se couvrir, sans se déclarer ennemi de la nature, privés de raison. Ils sont obligés de présenter au moins un enfant au Heb, mais ils les produisent d’une manière si secrète que c’est un crime parmi eux de parler de la conjonction nécessaire à la propagation des hommes. Dans tout le temps que j’y ai été, je n’ai pu venir à bout de connaître comment la génération s’y fait. J’ai seulement remarqué qu’ils s’aiment tous d’un amour cordial, et qu’ils n’aiment personne l’une plus que l’autre. Je puis assurer qu’en trente ans que j’ai été parmi eux, je n’y ai remarqué ni querelle, ni animosité. Ils ne savent ce que c’est que le mien et le tien, tout est commun entre eux, avec une bonne foi, et un désintéressement qui me charmait d’autant plus que je n’avais jamais rien vu de semblable en Europe”.

Ou viagens lunares, para fora do planeta. A peripécia é então da ordem do maravilhoso. E a fantasia, o paradoxo, a inversão são colocadas ao serviço da crítica social

Francis Godwin 

The Man in the Moon, or a Discourse of a voyage thithe by Domingo Gonsales, the Speedy Messenger
(1638)

Cyrano de Bergerac

Voyage dans la Lune
(1657)

Cyrano de Bergerac

Histoire Comique des Etats et Empires du Soleil
(1662) 

« Monsieur, lui répondis-je, la plupart des hommes qui ne jugent que par les sens, se sont laissé persuader à leurs yeux, et de même que celui dont le vaisseau vogue terre à terre croit demeurer immobile, et que le rivage chemine, ainsi les hommes, tournant avec la Terre autour du ciel, ont cru que c'était le ciel lui-même qui tournait autour d'eux. Ajoutez à cela l'orgueil insupportable des humains, qui se persuadent que la nature n'a été faite que pour eux, comme s'il était vraisemblable que le Soleil, un grand corps quatre cent trente-quatre fois plus vaste que la Terre, n' eût été allumé que pour mûrir ses nèfles et pommer ses choux. Quant à moi, bien loin de consentir à leur insolence, je crois que les planètes sont des mondes autour du Soleil, et que les étoiles fixes sont aussi des soleils qui ont des planètes autour d'eux; c'est-à-dire des mondes que nous ne voyons pas d'ici à cause de leur petitesse, et parce que leur lumière empruntée ne saurait venir jusqu'à nous. Car comment, en bonne foi, s'imaginer que ces globes si spacieux ne soient que de grandes campagnes désertes; et que le nôtre, à cause que nous y campons, ait été bâti pour une douzaine de petits superbes? Quoi! parce que le Soleil compasse nos jours et nos années, est-ce à dire, pour cela, qu'il n'ait été construit qu'afin que nous ne frappions pas de la tête contre les murs? Non, non, si ce dieu visible éclaire l'homme, c'est par accident, comme le flambeau du roi éclaire par accident un crocheteur qui passe par la rue. »

A viagem pode também ser interior, feita por dentro da intimidade da melancolia

Robert Burton

An Utopia of mine owne, dans the Anatomy of Melancholy

(1621)

Simultaneamente, a utopia faz-se eco dos progressos técnicos e científicos do século. Fala de um saber integrado e integral, universal, capaz ainda de, por si só, ser motor do progresso moral e social. A relação do saber ao poder, da ciência à política, está na raiz de uma imensa esperança. A salvação joga-se no terreno dos próprios poderes humanos, como efeito do crescimento da ciência ou do estabelecimento de uma lei justa. 

Francis Bacon

The New Atlantis
(1627)

A utopia de Bacon traduz a emergência do racionalismo metódico que caracteriza a modernidade. O seu objectivo é exaltar a razão científica e a sua capacidade de domínio do mundo, traçar o mapa dos caminhos futuros, desenhar os contornos de uma instituição científica consagrada ao conhecimento das leis da natureza e à produção do bem-estar dos homens. 

"And here I shall seem a little to digress, but you will by and by find it pertinent. Ye shall understand, my dear friends, that among the excellent acts of that King, one above all hath the pre-eminence. It was the erection and institution of an order, or society, which we call Saloman's House, the noblest foundation, as we think, that ever was upon the earth, and the lantern of this kingdom. It is dedicated to the study of the works and creatures of God. Some think it beareth the founder's name a little corrupted, as if it should be Solomon's House. But the records write it as it is spoken. So as I take it to be denominate of the King of the Hebrews, which is famous with you, and no strangers to us; for we have some parts of his works which with you are lost; namely, that natural history which he wrote of all plants, from the cedar of Libanus to the moss that groweth out of the wall; and of all things that have life and motion. This maketh me think that our King finding himself to symbolize, in many things, with that King of the Hebrews, which lived many years before him, honored him with the title of this foundation. And I am the rather induced to be of this opinion, for that I find in ancient records, this order or society is sometimes called Solomon's House, and sometimes the College of the Six Days' Works, whereby I am satisfied that our excellent King had learned from the Hebrews that God had created the world and all that therein is within six days: and therefore he instituted that house, for the finding out of the true nature of all things, whereby God might have the more glory in the workmanship of them, and men the more fruit in their use of them, did give it also that second name”.

Campanella

Civitas Solis Poetica: Idea Republicae Philosophiae
(1623)


Escrita na prisão de Nápoles, a utopia de Campanela desenha minuciosamente o quadro de uma cidade ideal, organizada como um cosmos, ordenada geometricamente, na qual a regulamentação do colectivo passa pela defesa do comunismo primitivo, da religião natural, da educação comum das crianças, da regulação racional das relações sexuais, do trabalho equitativo, do carácter electivo dos governantes, da transparência da lei. A importância da ciência, aqui pensada em paralelo com os ensinamentos cristãos, traduz-se num programa educativo que visa instruir todos os cidadão de forma fácil e persistente, mediante um sistema de frescos e diagramas que faz da cidade uma escola, um museu e um palácio de descobertas. 

“The greater part of the city is built upon a high hill, which rises from an extensive plain, but several of its circles extend for some distance beyond the base of the hill, which is of such a size that the diameter of the city is upward of two miles, so that its circumference becomes about seven. On account of the humped shape of the mountain, however, the diameter of the city is really more than if it were built on a plain. 
It is divided into seven rings or huge circles named from the seven planets, and the way from one to the other of these is by four streets and through four gates, that look toward the four points of the compass. Furthermore, it is so built that if the first circle were stormed, it would of necessity entail a double amount of energy to storm the second; still more to storm the third; and in each succeeding case the strength and energy would have to be doubled; so that he who wishes to capture that city must, as it were, storm it seven times. For my own part, however, I think that not even the first wall could be occupied, so thick are the earthworks and so well fortified is it with breastworks, towers, guns, and ditches. When I had been taken through the northern gate (which is shut with an iron door so wrought that it can be raised and let down, and locked in easily and strongly, its projections running into the grooves of the thick posts by a marvellous device), I saw a level space seventy paces[1] wide between the first and second walls. From hence can be seen large palaces, all joined to the wall of the second circuit in such a manner as to appear all one palace. Arches run on a level with the middle height of the palaces, and are continued round the whole ring. There are galleries for promenading upon these arches, which are supported from beneath by thick and well-shaped columns, enclosing arcades like peristyles, or cloisters of an abbey. 
But the palaces have no entrances from below, except on the inner or concave partition, from which one enters directly to the lower parts of the building. The higher parts, however, are reached by flights of marble steps, which lead to galleries for promenading on the inside similar to those on the outside. From these one enters the higher rooms, which are very beautiful, and have windows on the concave and convex partitions. These rooms are divided from one another by richly decorated walls. The convex or outer wall of the ring is about eight spans thick; the concave, three; the intermediate walls are one, or perhaps one and a half. Leaving this circle one gets to the second plain, which is nearly three paces narrower than the first. Then the first wall of the second ring is seen adorned above and below with similar galleries for walking, and there is on the inside of it another interior wall enclosing palaces. It has also similar peristyles supported by columns in the lower part, but above are excellent pictures, round the ways into the upper houses. And so on afterward through similar spaces and double walls, enclosing palaces, and adorned with galleries for walking, extending along their outer side, and supported by columns, till the last circuit is reached, the way being still over a level plain”.


De qualquer forma, no século XVII, a Utopia é, na sua esmagadora maioria, benévola. Ela adivinha ou descreve um mundo melhor. 

Henri Du Quesne

Recueil de quelques mémoires servans d'instruction pour l'établissement de l'isle d'Eden 
(1689)

Um regresso feliz, como em Fenelon

Fenelon

Suite du quatrième livre de l’Odyssée d’Homère ou les Avantures de Télémaque, fils d’Ulysse 
(1699) 

"Le fleuve Bétis coule dans un pays fertile et sous un ciel doux, qui est toujours serein. Le pays a pris le nom du fleuve, qui se jette dans le grand Océan, assez près des Colonnes d’Hercule et de cet endroit où la mer furieuse, rompant ses digues, sépara autrefois la terre de Tharsis d’avec la grande Afrique. Ce pays semble avoir conservé les délices de l’âge d’or. Les hivers y sont tièdes, et les rigoureux aquilons n’y soufflent jamais. L’ardeur de l’été y est toujours tempérée par des zéphyrs rafraîchissants, qui viennent adoucir l’air vers le milieu du jour. Ainsi toute l’année n’est qu’un heureux hymen du printemps et de l’automne, qui semblent se donner la main. La terre, dans les vallons et dans les campagnes unies, y porte chaque année une double moisson. Les chemins y sont bordés de lauriers, de grenadiers, de jasmins et d’autres arbres toujours verts et toujours fleuris. Les montagnes sont couvertes de troupeaux, qui fournissent des laines fines recherchées de toutes les nations connues. Il y a plusieurs mines d’or et d’argent dans ce beau pays ; mais les habitants, simples et heureux dans leur simplicité, ne daignent pas seulement compter l’or et l’argent parmi leurs richesses : ils n’estiment que ce qui sert véritablement aux besoins de l’homme. Quand nous avons commencé à faire notre commerce chez ces peuples, nous avons trouvé l’or et l’argent parmi eux employés aux mêmes usages que le fer, par exemple, pour des socs de charrue. Comme ils ne faisaient aucun commerce au dehors, ils n’avaient besoin d’aucune monnaie. Ils sont presque tous bergers ou laboureurs”.

Só Milton recorda a partida, receia a perca, teme a expulsão. 

  Milton

Paradise Lost 

(1667)





Olga Pombo opombo@fc.ul.pt